« comme une tortue », et gardait indéfiniment son exemplaire de Zayde.
Joseph Scaliger (1540-1609) répondait tout net à ceux qui faisaient mine de lui emprunter un volume : Ite ad vendentes ! « Allez en acheter[341.1] ! »
Le peintre Daniel du Moustier (1575-1646 ?), prenant les devants, avait décoré « le bas de ses livres », la plinthe de sa bibliothèque, de cette fulminante inscription, vrai cri du cœur : « Que le diable emporte les emprunteurs de livres[341.2] ! »
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Et comme on comprend bien ce sentiment de ter-
- Jules Janin, l’Amour des livres, pp. 59-60. ↩
- Tallemant des Réaux, Historiettes, Du Moustier, t. III, p. 139. (Paris, Techener, 1862 ; 6 vol. in-18.) Au nombre des « non-prêteurs », citons encore, d’après M. Fertiault (les Amoureux du livre, p. 353) : le médecin italien Demetrio Canevari (1559-1625) ; Guillaume Colletet (1598-1659) et Guilbert de Pixérécourt (1773-1844), dont nous parlerons tout à l’heure ; le critique et philosophe Naigeon (1738-1810) ; le marquis de Morante (1808-1868), magistrat, sénateur et bibliophile espagnol ; Cigongne (?) [s’agirait-il de Charles Sigonio dit aussi Sigonius (vers 1520-1584), archéologue italien, un des créateurs de la science de la diplomatique ?] ; Gifanins (…-…) ; et J.-Thomas Aubry, curé de l’église Saint-Louis-en-l’Île (…-…). — « Un jour que Gaspard Schopp [Scioppius, célèbre philologue et grammairien allemand : 1576-1649] priait Gifanius de lui prêter un manuscrit de Symmaque, Gifanius lui fit celte réponse : « Me demander de prêter mon « Symmaque, monsieur ! mais c’est comme si l’on me demandait de prêter ma femme ! » Perinde est atque uxorem meam utendam postulare ! » (Émile Deschanel, A bâtons rompus, Quand on range sa bibliothèque, p. 132.) ↩